Saint Charles Lwanga et ses compagnons (1).

Ce serait une tentation bien dangereuse que de se laisser aller à la pensée que les saints diminuent, que le sang qui les fait germer depuis la croix s’est appauvri, et qu’il est bien inutile de travailler à en préparer de nouvelles générations… Si chaque époque a eu des saints avec leurs types particuliers, conformes aux temps à traverser, aux erreurs à combattre, aux besoins à soulager, à l’idéal à réaliser, je ne crains pas de dire que l’Eglise, bien éprouvée sans doute, se prépare à enfanter de nouveaux saints. Ce sera après la Révolution comme après la Réforme. La Réforme n’est pas entièrement morte, mais nos saints survivront à son dernier soupir. La Révolution elle aussi aura son déclin; faites place aux saints qui se préparent, qui peut-être sont déjà nés. L’Eglise, toujours la même, passe par des phases diverses. On la persécute aujourd’hui, demain elle enfantera, soyez-en assurés.

Introduction à la collection Vie des Saints, d’après les Ecrits Spirituels, p. 1055-1056.

(1) Fête de 21 jeunes martyrs d’Ouganda, brûlés entre 1885 et 1887, canonisés par le pape Paul VI en 1964, de diverses confessions chrétiennes. Le noviciat de Butembo porte le patronyme de saint Charles Lwanga et celui d’Arusha de Kizito. Le P. d’Alzon, mort en 1880, ne put connaître la geste héroïque de ces martyrs du XIXème siècle, mais il suivit avec attention, surtout à partir du concile de Vatican I, le mouvement d’évangélisation qui se portait en direction de l’Afrique noire. Comme directeur diocésain de l’œuvre de la Propagation de la Foi, il encourageait la quête de fonds et suivait les chroniques missionnaires publiées dans les Annales