Il y a des ruines très belles: les ruines des palais, les ruines des tombeaux, les ruines des temples. Mais des ruines de commodités! Quels souvenirs! La génération présente n’en laissera guère d’autres, à moins que vous ne deveniez des saints. Parole dure, mais vraie. J’allai me promener l’autre jour dans le jardin de saint Grégoire le Grand. D’un côté, les ruines du Palatin, ruines très belles, souillées par les orgies de Néron et de Caligula; en face, les Thermes de Caracalla; à mes pieds, le quartier élégant de l’époque; puis, Saint-Pierre à droite, Saint-Sébatien à gauche, et, sous mes pieds, le berceau de la foi de l’Angleterre. Que reste-t-il de Néron, de Caligula, de Vespasien, de Domitien et de tant d’autres? Voyez ce qui reste de saint Pierre, des saints venus après lui, des œuvres qu’ils ont faites, commencées ou accomplies!
Lettre aux élèves du Collège de l’Assomption (Lettres, t. VIII, p. 292).
(1) Grégoire le Grand, avant son ordination, était préfet de Rome; il fut d’abord moine au monastère romain de Saint-André. Il fut l’évangélisateur des Angles, par l’envoi de missionnaires animés par l’esprit de saint Augustin. Il écrivit de nombreuses correspondances dont 858 ont été conservées. L’une contient cette observation: L’homme est une feuille tombée de l’arbre du paradis‘.