Saint Pierre Chanel, prêtre mariste, martyr.

Si un évêque a pu proclamer dernièrement que l’arbre de la monarchie française baignait ses racines dans le baptistère de saint Remi, il est encore bien plus vrai de dire que l’Eglise baigne ses pieds dans le sang de ses enfants, de ses prêtres, de ses évêques, de ses souverains pontifes, immolés pendant les trois premiers siècles de son existence au nom de la légalité d’alors. Ignoreriez-vous que les victimes de cette légalité sont pour elle l’objet d’un culte spécial; que l’autel, où elle renouvelle tous les jours le sacrifice divin, est nécessairement le tombeau de quelques-uns de ses martyrs; et que jamais un prêtre catholique n’y monte pour célébrer les saints mystères, sans baiser la place où ces reliques vénérées reposent, comme pour fortifier ses lèvres à ce contact sacré, les rendre plus dignes de prêcher la vérité et les affranchir de toute terreur, quand il devra annoncer les jugements de Dieu malgré certaines oppositions légales?

Lettre au ministre Delangle (Lettres, t. III, p. 440).

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