Saint Torribio Alfonso de Mongrovejo, évêque missionnaire.

Alors apparurent ces grands religieux dont les rudes labeurs n’avaient pas d’autre but que de relever les Indiens, de les rendre capables de la vie sociale et chrétienne. Je dis les religieux surtout, car si vous lisez la belle vie de S. Turibe qui fut à Lima ce que fut S. Charles à Milan, vous verrez ce qu’il lui fallut de combats de toute espèce pour repousser les empiètements des vice-rois; la vénalité des magistrats, le relâchement du clergé, l’ignorance des Espagnols, l’oppression des Indiens, se peut à peine comprendre. Le culte public était réduit à rien, l’instruction abandonnée. Comment pouvaient enseigner des gens qui ne savaient que faire des spéculations de négoce? Sous l’action de l’homme de Dieu exercée durant un quart de siècle, les abus civils furent retranchés, les prêtres instruits, les Espagnols moralisés; les Indiens rappelés de leurs forêts et de leurs cavernes purent s’établir en villages, l’instruction religieuse les releva et en fit des hommes quand le baptême en eut fait des chrétiens.

Impressions de voyages, publiées dans Le Pèlerin, 5 avril 1879, p. 220.

(1) Saint Torribio Alfonso de Mongrovejo (1538-1608), évêque d’origine espagnole, archevêque de Lima, canonisé en 1726.