Fête de saint Vincent de Paul.

Voyez-vous dans un obscur vallon des Pyrénées un enfant ramenant le soir un petit troupeau dans une pauvre chaumière: ses vêtements sont grossiers, et pour subvenir à sa nourriture, il a été quelquefois réduit à mendier sur le chemin quelques débris des provisions tombées des convois des armées françaises. Voilà le réformateur du clergé français; voilà celui qui, pendant près d’un demi siècle, tiendra entre ses mains le choix de ceux qu’il jugera dignes d’être promus à l’épiscopat, et qui, sans égard pour les protections extérieures, pèsera pour ce redoutable fardeau les mérites de ceux qu’il croira devoir appeler à la balance du sanctuaire; voilà celui qui de concert avec les Bérulle, les Bourdoise, les Olier, rendra à notre Eglise de France son antique splendeur.

Suivez-le dans l’obscurité où il se cache pour se préparer au sacerdoce, voyez-le jeté par la tempête sur les côtes de Barbarie, souffrir trois ans dans le plus dur esclavage. Mais quoi, Seigneur, le temps s’écoule et votre serviteur ne peut accomplir les desseins que vous avez sur lui. Rassurez-vous, mes frères, les voies de Dieu sont autres que les voies des hommes.

Panégyrique de saint Vincent de Paul d’après T.D., t. 48, p. 167-168.

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