3ème dimanche de Carême : “Si tu avais le don de Dieu… Il t’aurait donné de l’eau vive »

La liturgie de ce troisième dimanche de Carême nous donne à méditer une des scènes les plus extraordinaires de l’évangile, où saint Jean nous dévoile tout le mystère du don de Dieu. Ce mystère est sous le symbole de l’eau qui féconde la terre et donne la vie au monde.

Aujourd’hui, comme il le fit en Samarie, Jésus s’approche de notre vie, au milieu de notre chemin de Carême, nous demandant comme à la Samaritaine : « donne-moi à boire ».

Le plein midi, la chaleur, la fatigue de la route dont nous parle le texte sont comme l’image de notre vie avec ses hauts et ses bas. Il y a des jours où nous nous sentons las, las de donner, las de recommencer, las de puiser, de remonter l’eau seau par seau sans jamais suffire à la tâche. Et parfois, c’est au moment même où nous nous disons : « j’ai soif » que le Christ pour toute réponse, nous dit calmement : « donnez-moi à boire ! »

Pour refaire nos forces, il nous demande un service ; pour nous rendre confiance, il nous demande de donner, de lui donner. De lui offrir quoi en guise d’eau fraîche ? Quelques moments de vraie gratuité, de véritable écoute, de prière sans témoins et sans fard ; quelques instants où on essaiera de coïncider avec le vouloir du Père, tel que nous sommes, avec nos misères et nos richesses que le Christ connaît mieux que nous.

Car c’est lui qui nous dit « tout ce que nous avons fait », avant même que l’aveu nous soit monté au cœur. Il sait déjà, mais il veut que nous le disions nous-mêmes ; il tient à ce que vienne de nous la parole qui libère avant qu’il prononce lui-même la parole qui sauve. 

« Il sait ce qu’il y a dans le cœur de l’homme » Jn 2,25 ; il connaît notre histoire, l’espérance que nous portons et nos moments de fragilité. Il accueille tout, pour tout recréer ; il veut tout, pour tout sanctifier, et il nous dit comme à la Samaritaine : « Va chercher ton passé, tout ton passé, et donne-le-moi ».

Avec Jésus, le passé n’arrête jamais l’avenir ; et s’il met en lumière nos blessures, c’est pour nous ouvrir un chemin de liberté.

L’initiative de Jésus n’est jamais culpabilisante, et le calme avec lequel il conduit le dialogue souligne bien qu’il ne travaille pas par pressions morales, mais au niveau de la vérité : « Tu dis bien ; en cela tu dis vrai ! » C’est déjà vivre le salut que d’être vrai avec le Seigneur, sans louvoiements, sans dénégations, sans calculs. Face à son regard de miséricorde, laisser descendre la vérité au fond de l’être : c’est cela qui nous libère.
 

Père Catalin Florea, communauté de Valpré