Le nouveau pape s’est présenté lors de sa première apparition place Saint-Pierre comme «fils de Saint-Augustin», évêque d’Hippone au IVe siècle, dont la règle est basée sur l’unité, la pauvreté de vie et la charité.
Après un Jésuite, l’Église catholique voit arriver à sa tête un Augustinien. Les premiers mots du successeur du pape François, Léon XIV, étaient très attendus place Saint-Pierre ce jeudi soir. La foule, en liesse après l’apparition de la fumée blanche, s’est tue pour écouter le cardinal Robert Francis Prevost, nouveau souverain pontife, prononcer quelques paroles suivies d’une bénédiction. Dans ce tout premier message tourné vers un appel à la «paix», l’Américain s’est brièvement présenté. «Je suis un augustinien, un fils de Saint-Augustin», a-t-il glissé.
De fait, lors de son entrée dans les ordres à 22 ans, après une formation en mathématiques et en philosophie à l’université de Villanova à Philadelphie, c’est la famille religieuse de l’évêque d’Hippone qu’a choisi de rejoindre l’Américain. Il y a prononcé ses vœux perpétuels en 1981, avant de recevoir l’ordination sacerdotale un an plus tard à Rome. Le père Prevost a ensuite tenu un grand rôle au sein de sa famille religieuse dont il deviendra plus tard, pendant 12 ans, prieur général.
Pauvreté et vie en commun
Depuis sa fondation au XIIIe siècle, l’Ordre de Saint Augustin fait partie des quatre grands ordres dits «mendiants» dans l’Église catholique, avec les Franciscains, les Dominicains et les Carmes. L’ordre regroupe un grand nombre de congrégations d’hommes et de femmes dans le monde, avec différents styles de vie, mais toutes se réfèrent à la même règle, érigée par le célèbre auteur des Confessions.
Ce texte de vie communautaire rédigé au IV siècle met d’abord l’accent sur la vie en communauté, l’unité et le partage des biens. «Vivez unanimes à la maison, ayant une seule âme et un seul cœur tournés vers Dieu», dit le premier chapitre. Augustin d’Hippone invite à la simplicité de vie en se délestant des possessions personnelles. Il prône le jeûne et la privation, mais surtout une profonde charité, notamment «le soin des malades», le «pardon sans discuter», et l’absence de «paroles dures».
La théologie de saint Augustin, considéré comme l’un des Pères fondateurs de l’Église, met l’accent sur la recherche de la vérité intérieure. Une question centrale pour ce grand philosophe qui disait rechercher Dieu toute sa vie. «Je T’ai cherché autant que j’ai pu, autant que Tu m’en as donné le pouvoir, je T’ai cherché, j’ai désiré voir ce que j’ai cru, j’ai beaucoup débattu et travaillé», dit l’une des célèbres prières de l’évêque d’Hippone. Une formule résume l’idéal augustinien : «Une âme et un cœur tournés vers Dieu» (Actes 4,32).
Prieur général de son ordre
La règle augustinienne serait aujourd’hui suivie par «plus de 50.000 religieux et religieuses, dans plus de 130 instituts de vie consacrée», estimait en 2016 le père Jean-François Petit, augustin de l’Assomption et professeur de philosophie à l’Institut catholique de Paris (ICP), lors d’une rencontre de l’Académie catholique du Val-de-Seine.
Parmi les familles affiliées à cette règle aujourd’hui, l’Ordre de Saint-Augustin, qu’a rejoint, à 22 ans, le cardinal Robert Francis Prevost, est fondé officiellement en 1256 par le pape Alexandre IV, en unifiant plusieurs petits groupes d’ermites. C’est un ordre mendiant, actif dans la prédication, l’enseignement et les missions. Présents sur les cinq continents, ils pratiquent des missions diverses, de l’enseignement dans les écoles ou universités à la vie de paroisse, l’aide aux pauvres, l’accompagnement spirituel, la recherche théologique. Robert Francis Prevost a lui même effectué en 1987 un doctorat en droit canonique à l’Angelicum (Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin) avec une thèse sur le rôle du prieur local de l’Ordre de Saint-Augustin.
Puis, parti au Pérou, il y devient prieur de sa communauté religieuse dans les années 1990, juge ecclésiastique, directeur du séminaire augustinien, ainsi que préfet des études et recteur du séminaire diocésain. Rentré à Chicago en 1999, le père Prevost est élu prieur général de l’Ordre de Saint-Augustin, une charge qu’il exerce durant deux mandats de six ans, de 2001 à 2013.