Sainte Monique, des larmes de la perte à la joie du retour

À plusieurs reprises, l’Église honore la mère et le fils : outre la Vierge et le Christ, nous pouvons citer sainte Élisabeth et saint Jean-Baptiste, sainte Juliette et saint Cyr, sainte Monique (331-387) et saint Augustin (354-430), sainte Céline et saint Rémi, sainte Sylvie et saint Grégoire le Grand, et tant d’autres.

Non que la sainteté soit héréditaire ou génétique, mais, présente en nous depuis le baptême, elle se révèle dans l’imitation et la mise en œuvre de la Parole dans nos vies. Et pourquoi pas à l’imitation d’une mère ?Le temps de l’avent a déjà avancé. Ce temps est celui de l’attente, l’attente active de la venue de Jésus dans nos vies, l’attente de son retour dans la gloire, comme l’attente d’une naissance pour la mère qui porte l’enfant. Le temps de l’avent, c’est aussi le temps de la mère, avec la figure majeure de la Vierge Marie.Durant ces quelques jours de préparation du cœur à la Nativité du Fils de Dieu, il est bon de regarder vers la mère, et pourquoi pas de prier pour notre propre mère. ‘Une prière isolée produit quelquefois les plus admirables prodiges. Rappelez-vous cette femme qui voyait, dans une grande douleur, se perdre l’âme de son fils. Elle priait. Elle pleurait surtout. Un vieil évêque qu’elle consulta lui dit qu’il était impossible que Dieu laissât périr le fils de tant de larmes. En effet, la grâce finit par toucher le cœur du jeune homme, et il fut saint Augustin (1) rappelle le Père d’Alzon.Souvent plus connue par la cité californienne qui porte son nom, Santa Monica, que par son hagiographie, Monique est pourtant une figure importante de l’Église d’Afrique du Nord et de la famille augustinienne. De sainte Monique, nous ne connaissons guère que ce qu’en dit son fils dans les Confessions. Elle est l’épouse d’un officier de l’armée romaine, et supporte vaillamment le libertinage de son mari. Chrétienne fervente, elle aura grande joie à voir son époux recevoir le baptême avant de mourir.Avec tristesse, Monique voit son fils s’éloigner d’elle et errer à la recherche d’un absolu sans être jamais satisfait par les propositions philosophiques ou manichéennes qu’il étudie avec force. Les larmes de la mère sont accentuées par les choix de vie d’Augustin : celui-ci a pris une concubine, dont il aura un enfant. Monique refuse de revoir son fils tant qu’il ne met pas de l’ordre dans sa vie. La rencontre avec l’évêque de Milan, saint Ambroise, lui permet d’orienter ses larmes vers la conversion de son enfant : les relations entre le fils et la mère s’améliorent et Augustin finit par demander le baptême.À 55 ans, Monique peut partir soulagée. Elle meurt à Ostie, le port de Rome, dans les bras de son fils, le laissant inconsolable. La réforme du calendrier liturgique les a rapprochés : ils sont maintenant fêtés respectivement le 27 et 28 août, la mère précédant le fils. Et les reliques de saint Monique sont conservées dans l’église Saint-Augustin de Rome : mère et fils y sont comme réunis. 

­(1) Édition numériques des Écrits spirituels du serviteur de Dieu Emmanuel d’Alzon, 2022, p. 568
Photo : Ste Monique et St Augustin – Attribué à Scheffer, Ary (Dordrecht, 10–01–1795 – Argenteuil, 15–06–1858), auteur du modèle – Musée de la Vie romantique

“St Augustin, c’est à lui que je dois mon élan pour la vie religieuse assomptionniste…”

Les saints et les saintes sont des personnes qui ont choisis d’inscrire leur vie dans cette Parole de Jésus-Christ : « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5.16). Parmi eux, celui qui m’accompagne au quotidien dans ma vie de foi c’est saint Augustin d’Hippone. Né le 13 novembre. Naissance à Thagaste en Afrique du Nord et mort le 28 août dans la même région, ce Père de l’Église du quatrième siècle est surtout connu pour ses Confessions. Dans cette œuvre, il relate comment « avant de découvrir le trésor inestimable de l’intériorité, la présence de Dieu le plus intime de son être intérieur, il a été émerveillé par le monde autour de lui, riche de beautés et de délices, hélas passagères »(1). Son oeuvre séduit à la fois les sages et les humbles, elle donne envie de chercher le Christ à travers les Saintes ÉcrituresC’est à lui que je dois mon élan pour la vie religieuse assomptionniste, Il m’apprend à ne pas me lasser dans mon désir de plaire à Dieu malgré mes limites. Mon parcours vocationnel semble concorder avec le sien. Je ne m’ennuie jamais devant ses écrits. Au contraire, il a l’art de me faire bondir de joie devant l’amour inconditionnel de Dieu pour le monde. Sa passion pour les Saintes Écritures est admirable. S’il y a un trésor que je tiens de lui c’est la phrase suivante : « S’il est une consolation parmi les agitations et les peines de la société humaine, C’est la foi sincère et l’affection réciproque de bons et vrais amis »(2). Non seulement cette parole est d’un grand réconfort en temps de crise mais aussi, elle dit l’essentiel de la spiritualité augustinienne que Marcel Neusch résumait à travers points suivants :
– La quête inconditionnelle de Dieu,
– La vie communautaire,
– L’amour qui embrasse tout.(3)
À la suite de saint Augustin que le Seigneur nous accorde de le chercher sans nous lasser afin que l’ayant trouvé, notre vie soit à jamais transformée.

F. Pierre Bala Bala, communauté Paris-Denfert

“Oh !  Donnez-vous à moi, mon Dieu! Rendez-vous à moi!  Je vous aime ; et si mon amour est encore trop faible, rendez-le plus fort. Je ne saurais mesurer ce qu’il manque à mon amour ; et combien il est au-dessous du degré qu’il doit atteindre, pour que ma vie se précipite dans vos embrassements, et ne s’en détache point qu’elle n’ait disparu tout entière dans les plus secrètes clartés de votre visage (Ps. 30, 21). Tout ce que je sais, c’est que partout ailleurs qu’en vous, hors de moi, comme en moi, je ne trouve que malaise, et toute richesse qui n’est pas mon Dieu, n’est pour moi qu’indigence.”

St AUGUSTIN
Saint Augustin