Saint François de Sales, une figure de la vie de l’Église qui me parle aujourd’hui …

Poursuivons notre parcours de l’Avent avec un saint cher au père d’Alzon, Saint François de Sales (1567-1622).

«  Pour des religieux rompus à la prière, à l’oraison, à l’eucharistie, Saint François de Sales n’est peut-être pas un référent spirituel important. Nourri par de solides études, par les Pères de l’Église, dont Saint Augustin, il a su se situer pleinement en son temps (fin 16s., début 17e s.), une période troublée : les chrétiens se sont opposés à la suite de la réforme protestante. Une figure de la vie de l’Église, qui me parle aujourd’hui. François de Sales a renoncé à ses titres de noblesse, à la vie mondaine, à une carrière juridique, pour répondre à l’appel du Seigneur. Nommé évêque de Genève, co-fondateur de l’ordre de la Visitation avec Jeanne de Chantal, auteur spirituel, il a vraiment cru à la sainteté pour tous : gens mariés et célibataires, commerçants, paysans, soldats, domestiques, femmes et hommes de toutes conditions… donc religieux et prêtres ! Par ses écrits, ses conseils, il veut éclairer, guider chacun dans une vie spirituelle riche, adaptée aux obligations d’une « vie dans le monde ». En ce sens il est un précurseur du Concile Vatican II. Son livre « Introduction à la vie dévote » (1608), c’est-à-dire à la vie chrétienne authentique, présente sa pédagogie, ses conseils, dans un style un peu surprenant pour nos sensibilités d’aujourd’hui, riche de références, d’exemples, de propositions. L’équipe Notre Dame, dont je fais partie, l’a choisi comme thème et guide d’année pour nos rencontres mensuelles. En assumant sa charge d’évêque, en parcourant à pied les monts en diffusant ses sermons dans les monts du Chablais, François de Sales développe et vit à fond cette spiritualité évangélique. Car méditer la vie du Christ révèle tout l’amour de Dieu pour nous, une charité à vivre dans notre condition humaine : « Il faut tout faire par Amour, et rien par force, il faut plus aymer l’obéissance que craindre la désobéissance ».

P. Guy Clerc, communauté d’Albertville

‘Mon Dieu, s’écriait saint Vincent de Paul, que vous devez être bon, puisque M. de Genève l’est tant !’[1] Monsieur de Genève, c’est lui ; c’est François de Sales. Cette bonté, peut-être est-ce un effet de la montagne : selon la tradition biblique, la rencontre de Dieu, un Dieu bon et miséricordieux, est favorisée sur la montagne (Sinaï, Thabor…).

François de Sales naît en effet dans les montagnes du duché de Savoie. Comme il est l’aîné de la famille, c’est à lui que revient la charge d’hériter des terres, des titres et des responsabilités qui incombent à une famille aristocratique du XVIè siècle. Cependant, le désir du sacerdoce, de la sequella Christi, est plus fort. Après des études en Savoie, à Paris et à Padoue, où il travaille particulièrement saint Augustin et la question de la prédestination, François revient dans les Alpes où il est ordonné prêtre. 

Le siège de l’évêque de Genève est alors fixé à Annecy : la cité au bord du lac Léman est en effet aux mains des protestants calvinistes, et il est impossible à l’évêque d’y résider. Ceci n’empêchera cependant pas François de Sales de s’y rendre secrètement pour converser avec Théodore de Bèze, le successeur de Calvin. C’est donc là, à Annecy, que le jeune prêtre prononce sa célèbre exhortation : ‘C’est par la charité qu’il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu’il faut l’envahir, par la charité qu’il faut la recouvrer’ [2] . L’intérêt du Père d’Alzon pour ce grand saint savoyard était-il renforcé par le sentiment de proximité avec celui qui a dû vivre sa foi catholique au milieu des protestants ? Nîmes est restée une cité fortement marquée par le calvinisme, et de nombreux conflits entre catholiques et protestants auront lieu jusque sous la Révolution française.

Parti la Bible à la main, et avec un livre du moraliste saint Robert Bellarmin, saint François de Sales parcourt son diocèse, notamment les secteurs protestants. Sa manière d’être et de vivre, son art oratoire, et même l’usage de l’imprimerie nouvelle pour diffuser ses exhortations, touchent les cœurs et feront de lui le saint patron des journalistes et des écrivains.

Nommé évêque de Genève en 1602, toujours en résidence à Annecy, saint François poursuit sa mission et entreprend de rendre accessible la vie chrétienne en publiant l’Introduction à la vie dévote. Best-seller, il y offre de manière simple des conseils de piété pour entrer dans une vie de prière. Avec sainte Jeanne de Chantal, il fonde l’ordre de la Visitation en 1610, un ordre ouvert aux femmes que les autres ordres monastiques refusaient : femmes âgées, veuves ou handicapées. Saint François leur propose une vie d’humilité, à l’image de la Vierge Marie se mettant au service de sa cousine Élisabeth.

Il meurt en 1622 ; il sera canonisé dès 1665 par le pape Alexandre VII.

[1] Édition numériques des Écrits spirituels du serviteur de Dieu Emmanuel d’Alzon, 2022, p. 1053
[2] André Ravier, François de Sales, Un sage et un saint, Nouvelle Cité, 1995, p. 65
Photo : © Pascal Deloche / Godong / Photononstop

Ô Seigneur, avec ton aide, je veux m’exercer à la douceur dans les rencontres et les contrariétés quotidiennes.
Dès que je m’apercevrai que la colère s’allume en moi, je recueillerai mes forces, non avec violence, mais doucement,
et je chercherai à rétablir mon cœur dans la paix.
Sachant que je ne peux rien seul, je prendrai soin de T’appeler au secours, comme le firent les apôtres ballottés par la mer en furie.
Enseigne-moi à être doux avec tous, même avec ceux qui m’offensent ou me sont opposés, et jusqu’avec moi-même, ne m’accablant pas à cause de mes défauts.
Quand je tomberai, malgré mes efforts, je me reprendrai doucement et dirai : « Allons, mon pauvre cœur, relevons-nous et quittons cette fosse pour toujours. Recourons à la Miséricorde de Dieu, elle nous viendra en aide ».
Ainsi soit-il 

Saint François de Sales