Rameaux : C’est le début de la grande semaine

Le temps du Carême s’achève, pour l’Église et pour notre congrégation qui nous a guidé, tels des Pèlerins du Royaume, vers Pâques.

Jésus entre à Jérusalem. C’est le début de la grande semaine. Jésus a déjà tout donné. Il partagera le pain et la coupe et livrera sa vie. Regardons ! Il entre dans la ville et ses disciples l’acclament, avec les petits – dont nous sommes – et les foules, qui d’instinct le reconnaissent comme leur roi. Il est à leur hauteur : assis sur un ânon, le petit d’une ânesse ! Bien-sûr les Écritures s’accomplissent. Le savent-ils ? Car c’est ainsi que l’on a acclamé les rois depuis Saül et David et aussi Salomon puis Jéhu. Leurs histoires furent turbulentes, la sienne est limpide, comme une eau qui vient sans détour des sources de Dieu. D’instinct, ils refont les gestes que toutes les foules ont faits pour acclamer leurs rois, joignant au cri de leurs acclamations l’empressement à cueillir aux arbres d’alentour des branches et rameaux pour lui en faire un tapis royal, et si cela ne suffit pas, ils y joignent leurs vêtements.

La parole des prophètes résonne à la mémoire de l’évangéliste Matthieu, lorsqu’il rapporte cet épisode. Il écrit un récit d’Évangile ! Et à qui sait lire, c’est une grande page de l’histoire de Dieu avec son peuple et de ses merveilles : une histoire d’alliance, hautement signifiée dans l’évocation de la venue du « fils de David » acclamé à grands cris, à Jérusalem, dans toute sa jeunesse de « fille de Sion ». Ce mariage ou ces épousailles sont attendues. Elles ont été tellement annoncées dans les Écritures ! Mais qu’en sera-t-il, puisque la ville semble en proie à l’agitation, et plus que cela, à un véritable séisme, si nous en croyons le texte grec de Matthieu, désignant la manifestation de Dieu lui-même ! Ce séisme est aussi à tout le moins le choc de la rencontre entre la Galilée, faisant tout entier corps avec son prophète ou son Seigneur – ce que dit Matthieu au début de son récit – et Jérusalem, sa Ville par excellence, arcboutée et toute entière opposée à sa venue. Dans si peu de jours, après un torrent de paroles noires lancées à son adresse comme pour conjurer l’effet de sa venue, elle criera contre lui « A mort ! ». Pour le moment, comme tétanisée face au mouvement des foules, qui disent vrai, elle « dit » seulement, comme en une question hypocrite frisant un silence de mort : « Qui est cet homme ? » Et les foules répondent : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. » Si donc il n’est accueilli comme Messie, qu’il le soit alors au moins comme prophète, et il faudra prêter attentivement l’oreille à sa parole, car elle vient de Dieu, et cette parole a une force de Résurrection pour tout homme. 

Il nous faut aujourd’hui écouter sa parole, et au fil de ces jours « saints » l’accueillir et la méditer, demandant la grâce d’en devenir disciples, pour ressusciter avec Lui.

Père Jacques Nieuviarts, assomptionniste, exégète (Communauté de Morère)