La résurrection de Lazare : chemin de relèvement de l’humanité (Jn 11,1-45)

Notre marche jusqu’à la lumière de Pâques, couronnement de notre salut, passe par le chemin du relèvement. Le pèlerin qui parcourt le chemin, espère au bout de son périple, au terme de sa démarche pèlerine, un relèvement qui est un passage de la mort du péché à la vie en Christ.

C’est ce qu’anticipe la résurrection de Lazare, ou plus exactement le relèvement de Lazare. Sur l’ordre du Christ, Lazare revient du séjour des morts comme pour nous dire, qu’avec le Christ, les ténèbres ne peuvent pas nous retenir captifs même si nous passons par des chemins de souffrance.

Si tu avais été là Seigneur…
Le cri de Marthe et Marie, « Si tu avais été là, mon frère ne serais pas mort » résonne dans nos cœurs comme une réalité vécue au quotidien. Combien de fois, dans le trouble et le désespoir, n’avons-nous pas répété ces phrases : Pourquoi Seigneur ? Si tu avais été là… Pourquoi Seigneur cette absence, ce Silence ? Oui, le Seigneur s’efface pour que la gloire de Dieu se manifeste à travers des signes concrets de sa présence dans notre vie. Lorsque Jésus apprend la maladie de son ami Lazare, il prend son temps : sa mission est plus urgente. Mais encore, il affirme : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié ». Tout est donc ordonné pour que la gloire de Dieu se manifeste et qu’en se manifestant nous puissions croire en Christ.
Quelque fois, le Seigneur peut paraître loin de nous, sourd à nos appels et supplications. Même s’il paraît loin lorsque nous l’appelons, il est proche de nous, compatissant à toutes nos douleurs. C’est le sens des pleurs de Jésus. Le Christ pleure, pas en signe d’impuissance face à la mort qu’il vaincra d’ailleurs à jamais. Il pleure en signe d’une humanité assumée, en signe d’une expression affective, en signe d’une proximité humaine. Il est là, au cœur de nos détresses, au milieu de nos souffrances. Il est là pour nous relever. Saurons-nous l’appeler ? Saurons-nous lui faire confiance ?

« Déliez-le, et laissez-le aller. »
Lorsque le Seigneur nous relève, il nous délie et nous laisse aller. Et il nous invite à faire de même dans nos vies et celles des autres. Nous sommes invités à nous relever les uns les autres comme des pèlerins qui avancent vers la même destination, le ciel, et qui, sur le chemin, se portent et se supportent mutuellement. Nous sommes invités à nous délier les uns les autres. Une manière agréable de le faire en ces jours qui nous préparent à Pâques, c’est de le recevoir plus intimement dans le sacrement de la réconciliation. C’est le lieu du relèvement par excellence. En écrivant ces lignes m’est revenu à l’esprit le souvenir de cette légèreté avec laquelle je quitte le confessionnal, débarrassé de tout ce qui me maintenait captif des ténèbres, retrouvant cette joie qu’ont dû éprouver Marthe et Marie embrassant Lazare leur frère revenu du séjour des morts.
Le chemin de Pâques n’est plus long. Nous entrons dans les jours décisifs de notre salut. Orientons désormais notre regard vers Celui qui a assumé notre humanité et s’est fait proche de nous. Orientons notre regard vers le Christ qui relève de la mort du péché, qui nous délie et nous laisse aller afin que sa gloire se manifeste.

Frère Jean-Valère Kouwama, communauté François 1er