Ananie et Saphire, un détournement qui coûte la vie (Ac 5, 1-11)

Les Actes des Apôtres (5, 1-11) relatent la punition d’Ananie et de Saphire. Ce texte, l’un des plus difficiles du Nouveau Testament contient des messages significatifs pour la vie familiale et la vie communautaire aujourd’hui…

Les Actes des Apôtres (5, 1-11) relatent la punition d’Ananie et de Saphire, un couple juif de Jérusalem qui voulait rejoindre l’Église primitive mais qui a détourné pour eux une partie du montant de la vente d’une propriété, tout en se donnant la réputation d’avoir consacré au Seigneur la somme entière, comme Barnabé l’avait fait. Cette péricope, au risque d’être mal lue, constitue un des textes les plus difficiles du Nouveau Testament et contient pourtant des messages très significatifs pour la vie familiale et la vie communautaire aujourd’hui.

La signification de la faute d’Ananie et de Saphire
Comme la faute du couple originaire de l’humanité (Gn 3, 1-24) qui consiste à rompre une harmonie originelle, la dissimulation d’Ananie est à considérer comme une faute qui risque de briser la communion de l’Église : « Cet idéal de communion, comme le montre le premier sommaire (Ac 2, 42-47), est l’œuvre de l’Esprit Saint dans le cœur des croyants. Ananie et Saphire ont contredit l’Esprit de communion ; ils ont fait mentir à la règle selon laquelle « entre eux tout était commun » (Ac 4, 32) [1]».

La confiance mutuelle et la sincérité comme facteurs constitutifs de l’unité
Derrière la dissimulation d’Ananie, dénoncée comme mensonge par Pierre, se cachent l’hypocrisie et le manque de sincérité qui détruisent la communion de la communauté. Ce récit nous permet de rendre compte que dans la vie communautaire comme dans la vie familiale, l’unité se construit tout au long d’un cheminement basé sur la confiance mutuelle et la sincérité entre les membres. Permettre la duplicité et l’hypocrisie dans la vie commune, ce serait détruire tous les efforts de la construction de l’unité.

L’importance de reconnaître et d’accepter les vulnérabilités et les limites dans la vie commune
Cette péricope biblique nous rappelle également que l’Église, en dépit des grâces reçues de l’Esprit Saint, reste toujours imparfaite. Elle connait des ombres et des lumières ; elle est faite de pécheurs appelés à la sainteté. Cependant, cette réalité ne l’empêche pas d’être le « corps du Christ » et « le sacrement universel du salut ». Il est donc important pour chacun de ne pas être découragé en face de l’expérience quotidienne de l’infidélité et des tensions au sein de la vie commune et de reconnaître et d’accepter avec humilité ses vulnérabilités, ses limites ainsi que celles d’autrui. Cela constitue un fondement primordial pour construire ensemble l’unité qui est avant tout un don de Dieu et une exigence pour chaque membre de son Église

Frère Pierre Tram Tran Khac,Communauté de Cachan (France)

Photo : Le Châtiment d’Ananie et Saphire, mosaïque d’après un tableau de Niccolò Pomarancio, autel d’Ananie et Saphire, dit « autel du Mensonge », basilique Saint-Pierre, Rome. Source Wikipedia Creative Commons

Objectif-vie pour  la semaine

Choisir de tout donner sans rien retenir. L’engagement à la suite du Christ demande une véritable et authentique radicalité. Si nous voulons servir le Christ, faisons-le par le don total de notre vie, de nos biens intérieurs et extérieurs afin de bénéficier de la grâce du Christ qui donne sans compter.